L’exercice constitue aujourd’hui une composante obligée de l’apprentissage d’une langue étrangère, quels que soient par ailleurs les publics concernés, scolaires, universitaires ou publics d’adultes. Les éditeurs ne manquent pas de publier de nombreux recueils d’exercices et nulle méthode n’est publiée qui ne comporte à un moment ou à un autre des exercices.
L’intensité de la pratique fonde l’évidence du procédé et conduit à oublier que l’exercice est une construction pédagogique d’origine relativement récente dont il serait intéressant de connaître la genèse. Création d’autant plus paradoxale, aux yeux de l’observateur d’aujourd’hui, qu’elle est postérieure aux très nombreuses descriptions du français qui sont proposées dès le xvie siècle. Nombreuses sont en effet les grammaires publiées du xvie au xviiie siècle, qu’elles soient savantes ou pédagogiques, qui ne comprennent aucune partie que l’on pourrait qualifier d’activités de systématisation, au moins sous la forme d’exercice.
L’exercice est donc apparu progressivement, sous des formes certainement éloignées de celles que nous connaissons aujourd’hui, la forme orale ayant pu précéder la forme écrite et sans qu’un inventeur particulier puisse être désigné (même s’il est intéressant de noter que J.-V. Meidinger, dans le dernier quart du xviiie siècle, est peut-être l’un des premiers à faire figurer dans sa grammaire des activités de systématisation assez similaires à ce qui est traditionnellement rangé aujourd’hui sous l’étiquette d’« exercices »). L’exercice est une invention collective qui prend place dans un besoin de systématisation ressenti par un certain nombre de maîtres de langue et d’auteurs de colloques (ainsi on peut retrouver dans certains dialogues élaborés par Berlaimont au xvie siècle des reprises qui ressemblent fort à des activités de variation).
La généralisation de l’enseignement des langues vivantes étrangères dans l’enseignement secondaire européen dans les débuts du xixe siècle est certainement pour beaucoup dans la recherche d’activités de systématisation, les langues ne pouvant plus être enseignées sur le mode préceptoral qui autorisait des approches plus ouvertes, plus réflexives aussi, proches parfois de ce que l’on a appelé aussi la méthode naturelle.
On connaît l’usage que l’on fait, toujours dans cette même période, des cacographies ou cacologies pour aborder l’enseignement de l’orthographe et du « bien écrire », en France, usage que l’on retrouve dans l’enseignement des langues étrangères, notamment en Espagne et dans les Pays-Bas. Mais A. Chervel signale aussi dans des manuels édités en Angleterre et aux États-Unis dans la fin du xviiie siècle des exercices de « bad English » ou de « false English ».
Bref les questions que l’on peut se poser sont très nombreuses, d’autant plus que systématisation et exercices demanderaient certainement à être plus clairement distingués. Les tableaux de langue apparaissent très précocement, souvent transposés du latin, ce qui ne manque pas de poser des problèmes de cohérence dans la description (le français devient ainsi une langue à déclinaisons), mais qui témoignent d’un besoin de mise en ordre qui s’adresse aussi à des apprenants.
Si les travaux se rapportant à l’histoire de la grammaire sont très nombreux (la SIHFLES s’y est consacrée à de très nombreuses reprises, notamment avec le colloque de Raguse, sa contribution au colloque de la SHESL de 2011), peu de recherches en revanche portent sur cet objet d’apprentissage qui, dans la modestie de sa forme, n’en pose pas moins de très nombreux problèmes théoriques, aussi bien dans la référence, implicite, à un certain nombre de descriptions grammaticales, que dans une certaine conception de l’apprentissage. De nombreux points de problématisation sont à envisager:
Ces questions intéressent évidemment les historiens de l’enseignement des langues en ce qu’elles contribuent à mieux comprendre et connaitre leur discipline, à mieux en cerner les évolutions et la dynamique ; elles sont aussi utiles aux agents et utilisateurs de la didactique des langues étrangères – didacticiens, auteurs de manuels, enseignants, élèves…bref aux « fabricants et consommateurs d’exercices » d’aujourd’hui – en leur donnant la possibilité d’appréhender une « technique » dans sa durée et ainsi mieux en comprendre la dimension construite et faussement évidente.
Les propositions de communication, en français ou en anglais, ne dépasseront pas 500 mots, bibliographie (5 références max.) et mots-clefs (5 mots) compris. Elles sont à adresser à :
Elles seront accompagnées du nom de l’auteur et de l’établissement d’enseignement et/ou de recherche auquel il est rattaché.
Les organisateurs s’efforceront d’éviter les sessions en parallèle. Durée des communications : 20 minutes + 5/10 minutes de questions/réponses. La langue du colloque est le français, les interventions peuvent se faire en français ou en anglais.
Les frais d'inscription couvrent les pause-café, deux repas de midi ainsi que la réception des documents relatifs au colloque (programme, badge, attestation, etc.)
Lien vers le formulaire d'inscription et de paiement en ligne
Les déjeuners se prennent au restaurant de l’université de Mons (plaine de Nimy). Un diner de gala est organisé le jeudi 17 mai en soirée au Mundaneum (cf. activités culturelles).
Le jeudi 17 mai une visite du Mundaneum est organisée à partir de 18h ; elle comprend la découverte du lieu (www.mundaneum.org), la présentation de ses concepteurs Paul Otlet (1868-1944) et Henri Lafontaine (1854-1943), fondateurs de l’Institut international de bibliographie (1895) et du système de classification décimale universelle (CDU). Un parcours guidé de l’exposition temporaire consacrée à l’histoire de la cryptographie (De Jules César à Edward Snowden, ou comment décoder la cryptographie – http://archives.mundaneum.org/fr/expositions/top-secret-xpo) est également proposé.
Durant le colloque, la Bibliothèque centrale de l’université de Mons propose également une présentation des grammaires de la langue française de ses fonds anciens et de son fonds de l’enseignement. Le jour et l’horaire de cette manifestation seront précisés ultérieurement (de même pour les modalités d’inscription).
Le colloque de la SIHFLES est organisé par le Service de Didactique des langues et des cultures avec le soutien du
EN
Today, exercises constitute an omni-present part of language learning, for school, university and adult learners alike. Many collections of exercises are published, and all textbooks include exercises of some kind.
The intensity with which exercises are used may lead us to forget that their pedagogical use is relatively recent. Indeed, it would be interesting to discover how the development of exercises started. Paradoxically, from today’s perspective, the use of exercises started much later than the numerous descriptions of the French language which started to be produced in the 16th century. Indeed, while there were many grammar books, both prescriptive and pedagogical, published between the 16th and 18th centuries, they did not include activities intended for systematisation, at least not in the form of exercises.
Language exercises, therefore, appeared gradually, in a very different form from those that are in use today. Oral exercises may have preceded written ones and their invention cannot be attributed to a particular person (even though J.-V. Meidinger deserves a special mention as, in the last quarter of the 18th century, he was one of the first to include a series of systematisation activities in his grammar book which are similar to the types of activities used today, and which he referred to as ‘exercises’). The exercise therefore appears to be a collective invention which came about through numerous language teachers and authors of dialogues identifying a need for systematisation (thus, there are certain examples of dialogues in 16th-century texts by Berlaimont which are very similar to variation activities).
The spread of modern language teaching into European secondary school education which occurred at the beginning of the 19th century was certainly a turning-point in the incorporation of systemisation activities, this trend having led to languages no longer being able to be taught in the relatively open, reflective, natural way which may be associated with teaching by tutors and closer to what has been called the 'natural method'.
Still in this same period, we see the use of cacography / cacology (i.e. exercises involving correction of bad spelling) in France to deal with teaching spelling and how to “write well”. These were also used in foreign language teaching in Spain and the Netherlands. A. Chervel also indicates that in certain manuals edited in England and the United States in the 18th century, there are examples of exercises on “bad English” or on “false English”.
Many questions arise in relation to this area, particularly because systematisation and exercises need to be more clearly distinguished. Language tables appeared very early on, often adapted from Latin, posing problems with regard to coherence in the description (French is then presented as a language with cases), but also giving evidence of a perceived need to put the language in order for learning purposes.
While there are many works on the history of grammar (SIHFLES has dealt with this subject on numerous occasions, most notably at its conference in Ragusa and its contribution to the 2011 SHESL conference), there is very little research on this aspect of learning, which poses many theoretical problems, both in relation to type of grammatical description and to conception of learning. Points to be considered might include:
Such questions are of evident interest to language-teaching historians, who seek to better understand their discipline and better define the evolutions and dynamics of the field. Answers to these questions will also be of use to the agents and users of foreign language teaching – educational specialists, textbook authors, teachers, students, in other words, the creators and consumers of exercises today – giving them the possibility to understand particular techniques more deeply and so better look beneath the surface of this often taken for granted phenomenon.
Proposals can be written in French or English, and must be no longer than 500 words, including the bibliography (5 references max.) and key words (5 words). They should be sent to:
The author’s name and the teaching and/or research establishment to which they belong should be indicated.
The organisers intend to avoid having two sessions at the same time. Duration of presentations: 20 minutes + 5/10 minutes for questions. The conference will be held in French, but individual presentations can be given in French or English.
The registration fees cover the conference, the coffee breaks and the two lunches, as well as any documents issued at the conference (programmes, badges, certificates, etc.).
Link to the online registration and payment form
The lunches will be held in the University’s restaurant (Plaine de Nimy). A gala dinner is organized on Thursday 17 May in the evening at the Mundaneum (cf. cultural activities).
A visit of the Mundaneum is organized on Thursday 17 May from 18.00. This visit includes the discovery of the place (www.mundaneum.org), the presentation of its founding designers Paul Otlet (1868-1944) and Henri Lafontaine (1854-1943), founders of the International Institute of Bibliography (1895) and of the universal decimal classification system. A guided tour of the exhibition dedicated to the history of cryptography (Jules Caesar Edward Snowden, or how to decode cryptography - http://archives.Mundaneum.org/fr/expositions/top-secret-xpo) will also be proposed.
During the conference, the Central Library of the University of Mons proposes a presentation of French grammars from its own former and Education collections. The day and time of this event will be specified later (as well as registration details).
The SIHFLES conference is organised by the Language and Culture Acquisition Research Unit, and is supported by